Démarche artistique
Je suis venue à l’art numérique sous l’effet de ce hasard dont on dit qu’il fait bien les choses. Il a fallu que deux objets fassent irruption dans ma vie : un appareil photo numérique Canon haute résolution enfin à la portée de ma bourse et, le temps n’étant plus un luxe, le logiciel Photoshop, dont j’ai méthodiquement découvert les outils transformationnels.
Depuis des années, je photographiais tout ce que je trouvais digne d’intérêt, à la recherche constante de « ces instants d’éternité ». Avec mon appareil photo, ce sont les outils d’édition numérique modernes qui m’ont permis de faire le pont entre mes œuvres peintes et mes photographies. C’est en apprenant à extraire « la substantifique moelle » de ces outils complexes et puissants que j’ai découvert comment magnifier, transformer, et faire éclater mes photographies et mes toiles, ainsi que mes photographies intégrant mes toiles, illustrant le fait que dans le domaine de l’art, le produit fini n’est toujours qu’un brouillon de ce que l’on cherche à produire. Mon travail de conception est toujours le fruit d’une longue patience ; « cent fois sur le métier … » L’œuvre numérique est, de manière exemplaire, un travail de tâcheron.
Sans faire de jeu de mots, je dirais que la bougie d’allumage de ma passion pour l’art numérique a été la présence diffuse et la beauté que prend la lumière se frayant un chemin à travers l’œuvre numérique.
Ma démarche artistique prend racine dans un instant de réflexion. Je m’interroge sur les particularités de la photographie sur laquelle j’entends travailler, et ce qui se produit ensuite appartient au mystère de l’art. Je me mets à peindre numériquement à partir de ce filigrane ténu (vite oublié par ailleurs), avec cette particularité fondamentale que mes outils de base ne sont plus des pinceaux et de la couleur, mais la panoplie des outils de transformation que peut m’offrir l’ordinateur en guise de pinceaux et mes œuvres numérisées en guise de couleurs. Je peux intégrer une ou plusieurs photos, intégration pouvant prendre de multiples formes fondée sur une trame, une couleur, le motif dominant, etc. au gré de mes intuitions. Une opération peut s’opérer directement dans Photoshop, ou via ma tablette d’édition graphique. Est-il besoin de souligner que mon penchant dominant est la lumière : non pas la lumière frontale, mais la lumière de fond, celle « qui vient de loin », la lumière qui fait irruption dans l’œuvre comme au travers d’un vitrail.
Après des études en communication, Danielle Vary devient, tour à tour, journaliste et animatrice à la radio, conceptrice publicitaire, assistante de programmation, productrice, directrice de la publicité pour un journal et chargée de projet de formation pour un organisme voué au monde de l’automobile. Après un séjour de deux ans en Espagne elle revient au Québec pour fonder sa propre agence de communication.
Sa carrière en communication l’amène à fréquenter des artisans et des artistes de plusieurs disciplines. Sa rencontre avec un photographe est déterminante. Il lui enseigne les rudiments de son métier, et lui apprend à saisir ces « instants d’éternité » derrière l’apparence anodine des scènes du quotidien.
Ce n’est que tardivement qu’elle en vient à incarner sa passion pour les arts plastiques dans une œuvre picturale. Dans les années 90, elle travaille trois ans en atelier privé avec l’artiste multidisciplinaire Guy Vidal dont la pureté stylistique sans concession n’a pas manqué d’influencer son œuvre personnelle.
Perfectionniste discrète et inquiète, ce n’est qu’assez récemment que cette artiste pudique consentait à se dévoiler aux regards et aux jugements des autres. Elle brise la glace en exposant pour la première fois en mai 2008 à l’exposition Au parc les artistes, suivi, en mars 2009 de l’exposition Sola à la galerie Le 1040. En octobre 2011 elle est double récipiendaire - prix d’excellence et prix du public - au salon d’automne du Musée des beaux-arts de Mont Saint-Hilaire. Elle récidive en octobre 2014 au même salon, remportant, cette fois, le prix André Michel.
Ces dix dernières années, concurremment à son œuvre d’artiste peintre, elle renoue avec la photographie et découvre le potentiel illimité qu’offre à l’art numérique. En 2016 et 2017, elle présente des œuvres numériques à l’exposition collective Rebelles/Rebelles à la galerie Art Plus de Sutton. En 2018, l’exposition Duo Croisement se propose de juxtaposer les œuvres de Lucille Pelletier, graveure traditionnelle, à ses productions intégrant les plaques de gravure de Lucille. Cette exposition est un vif succès tant par son propos qui interpelle les visiteurs que par la qualité des œuvres des deux artistes. En septembre 2019, elle participe au premier symposium de la galerie Art Sutton. Elle est à nouveau témoin de la curiosité des visiteurs pour ses méthodes de travail. Désormais, elle œuvre exclusivement avec ses outils numériques.